Article Vidéo Éloi Laurent au CDFN Février 2021

Sa biographie sur Babelio : https://www.babelio.com/auteur/loi-Laurent/52686

Commander ses livres auprès des librairies :

https://www.lalibrairie.com/livres/recherche.html?rapid-search=Eloi%20Laurent&searchLang=fra

Ses 4 ouvrages sur lesquels s’appuie cette conférence :

– Measuring Tomorrow 2018 Princeton University Press

– Sortir de la croissance 2019 éditions LLL (les liens qui libèrent)

– The new environmental Economics 2020 Polity Press

– Et si la santé guidait le monde ? 2020 éditions LLL (les liens qui libèrent)


Éloi Laurent, né en 1974, est un économiste français, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Sans doute l’un des économistes les plus originaux de sa génération il est auteur de nombreux ouvrages, dont Sortir de la croissance. Mode d’emploi. (éd. Les liens qui libèrent, 2019) et Nos mythologies économiques, (éd. LLL, 2016). Il vient de publier Et si la santé guidait le monde ? (éd. LLL, 2020).

Sa prise de conscience de la nécessité d’un tournant écologique l’a amené à développer une critique non seulement des structures idéologiques de la pensée néolibérale mais aussi de l’obsession de la croissance économique. Dans son dernier ouvrage, Éloi Laurent propose la construction d’un nouveau paradigme débarrassé de l’obsession du PIB et du taux de chômage, mais préoccupé par le bien-être réel des citoyen.nes.


La vidéo que vous trouverez en fin d’article a été réalisée au CDFN de février 2021 de la FSU.


Éloi Laurent y présente rapidement mais avec envie son travail qui donne envie de se plonger dans sa bibliographie.

3 Problématiques en ressortent :

– Une introduction qui analyse la situation actuelle et comment la réflexion sur le « sortir de la croissance » évolue depuis 150 ans,

– La construction d’un nouvel horizon qui nous conduirait à viser la « pleine santé »,

– La traduction en politique publique de ce nouvel horizon avec la construction d’une état social-écologique.


Dans l’analyse de la situation actuelle (10′), Éloi Laurent explique que pour lui le XXI ème siècle a commencé le 7 avril 2020, le jour où 4 milliards d’êtres humains étaient confinés chez eux. Il explique que cette pandémie est la conséquence de la destruction de l’écosystème des animaux ce qui les a poussés à se rapprocher des êtres humains. Si on continue ainsi, les chercheurs estiment à plus de 70 000 pathogènes qui pourraient contaminer l’homme.

Ainsi, Éloi Laurent estime (15′) que ce n’est pas une crise sanitaire qui est tombée du ciel. C’est une crise d’insoutenabilité économique qui provoque une crise écologique qui engendre une crise sanitaire. Et actuellement le pire n’est pas une crise de la croissance économique mais une crise des liens sociaux.

Un petit point sur la définition de soutenabilité qui est trop souvent utilisée péjorativement (soutenabilité : qui peut se maintenir dans le temps ; antonyme : autodestructeur).

La boussole du PIB et de la croissance économique utilisée depuis les années 30 a un effet destructeur sur notre bien être.

Il ne faut pas supprimer les indicateurs (index : qui pointe une direction) mais les changer pour qu’ils pointent de meilleures priorités : économie ? éducation ? santé ?

Éloi Laurent revient ensuite sur la croissance chinoise (23′). Entre 1978 et 2018 le PIB chinois a augmenté de plus de 10% par an, ce qui veut dire qu’en 40 ans son économie a été multipliée par 80.

Mais le PIB est un indicateur macroéconomique qui mesure des choses limitées et surtout pas le bien être, ne mesure pas la crise de la démocratie, ne mesure pas la crise écologique, oublie l’essentiel de la vie.


En mars 1968, Robert Kennedy, candidat à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine, le martelait déjà : « Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (…) En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue».


On voit à travers le filtre de l’économie chinoise les 3 malédictions de Kuznets (créateur du PIB en 1934) (27′) :

1) La croissance économique ne réduit pas les inégalités et n’augmente pas le bonheur ;

2)La croissance économique, nourrie par le libéralisme économique, n’engendre pas le libéralisme politique ;

3) La croissance économique n’est pas la solution aux crises écologiques…

La réflexion sur le bien-être au delà de la croissance n’est pas nouvelle (30′).

Trois âges se distinguent :

Éloi Laurent présente ensuite dans la vidéo plusieurs démocraties qui se sont engagées sur ce chemin et décrédibilise le discours officiel français actuel, « on a la vie et la santé en priorité », ce n’est absolument pas le cas. On a donné à chaque fois la priorité à la croissance et à l’économie.(40′)

Dans la vidéo, nous voyons ensuite les effets de la pandémie à travers le prisme de l’espérance de vie aux États-Unis qui a reculé de plus d’un an ce qui représente un retour en arrière de dizaines d’années. Alors que dans le même temps des rapports établissent de façon claire et visible « il n’y a pas d’économie sans écologie ». (The Economics of Biodiversity : The Dasgupta Review)

Arrive alors le deuxième point de cette conférence sur comment aller vers ce nouvel horizon. Et pour commencer celui-ci Éloi Laurent présente comment nous pourrions analyser le bien-être et qu’est-ce que le bien-être.

Nous avons les ODD 2015 (objectifs développement durable) https://www.undp.org/content/undp/fr/home/sustainable-development-goals.html

17 buts pour transformer notre monde et mesurer le succès de l’entreprise. (46′)

Différentes études vont aussi dans le même sens ainsi on peut citer les limites planétaires (https://fr.wikipedia.org/wiki/Limites_plan%C3%A9taires)

Les limites planétaires sont les seuils que l’humanité ne doit pas dépasser pour ne pas compromettre les conditions favorables dans lesquelles elle a pu se développer et pour pouvoir durablement vivre dans un écosystème sûr, c’est-à-dire en évitant les modifications brutales et difficilement prévisibles de l’environnement planétaire.

Différents modèles sont présentés et critiqués par Éloi Laurent avant qu’il ne présente son travail sur la boucle sociale-écologique.

Ce qui amène sur la dernière partie du propos concernant la construction d’une politique publique nécessaire : l’état social-écologique. (57′)

Les dernières crises de 2008 et celle-ci nous montrent bien que l’économie française a mieux résisté que d’autres grâce à sa politique d’état providence qui est la colonne vertébrale de l’économie française. C’est celle-là même qu’on cherche à détruire depuis des années qui nous a permis de tenir jusque là.

À partir de la 69′ s’engage sur la vidéo un échange avec les stagiaires qui permet à Éloi Laurent de clarifier quelques points et d’approfondir d’autres.

Bon visionnage.


 


Complément : Un autre intervenant intéressant Aurelien Barrau (né le 19 mai 1973 à Neuilly-sur-Seine) qui est un astrophysicien français, docteur en philosophie. Militant écologiste, il est souvent classé proche des thèses collapsologistes (courant de pensée transdisciplinaire apparu dans les années 2010 qui envisage les risques d’un effondrement de la civilisation industrielle et ses conséquences), bien qu’il récuse cette étiquette3 et est favorable à la décroissance.

https://www.youtube.com/channel/UCwgqYNmYaij2_8hq_tOFyZw/videos

et notamment son intervention au Global Positive Forum de 2019 https://youtu.be/iR-qLOz7S8w