Le 28 septembre constitue la journée pour le droit à l’avortement, alors que la moitié des femmes dans le monde ne peuvent toujours pas interrompre leur grossesse de manière sécurisée. Elle nous rappelle le recul de ce droit des femmes à disposer de leur corps dans le monde. C’est également une occasion pour comprendre que ce droit est en danger en France avec l’accès au pouvoir de la droite la plus réactionnaire. L’inscription de la liberté de recours à l’I.V.G. dans la constitution ne garantit malheureusement pas le droit à l’avortement.
Partout dans le monde ce droit est attaqué, y compris en Europe. En Pologne, après de nombreuses offensives, le tribunal constitutionnel a fini par interdire l’avortement en cas de malformation du fœtus en 2020. En Hongrie, un amendement de 2022 contraint les femmes souhaitant procéder à une I.V.G. à écouter au préalable le cœur du fœtus… Si l’opinion publique française est très largement attachée à ce droit consacré par la loi Veil de 1975 et permettant chaque année à plus de 200 000 femmes de choisir d’avorter sans mettre en danger leur vie ou leur santé, il est attaqué par les tenants des mouvements réactionnaires, dont font partie un bon nombre des nouveaux ministres nommés par M. Barnier… Si celui-ci a annoncé qu’il n’y aurait pas de recul sur les droits obtenus, les choix politiques et budgétaires opérés vont, dans les faits, remettre concrètement en question l’accès égalitaire à l’I.V.G. sur tout le territoire.
Selon un sondage IFOP, un peu plus d’un tiers des femmes françaises ayant avorté ont ressenti une certaine pression sur leur prise de décision, avec des comportements parfois très indélicats ou peu professionnels du corps médical. Certaines déplorent l’absence de choix quant au fait d’avoir recours ou non à une sonde vaginale, mais aussi d’avoir été contraintes de voir le fœtus lors de l’échographie ou d’écouter son cœur. Selon Bérangère Couillard, présidente du Haut Conseil à l’Egalité, encore 17% de femmes avortent dans un territoire qui n’est pas le leur, ce qui représente entre 3 000 et 5 000 femmes qui partent à l’étranger. Par ailleurs le Planning familial est lui-même depuis plusieurs années victime de nombreuses attaques verbales ou physiques de la part de la droite ultra-conservatrice. Même s’il est loin d’être aussi controversé politiquement que dans d’autres pays, et que son socle juridique est plus consolidé, les retours en arrière sont toujours possibles. Plus de 130 centres I.V.G. ont également été fermés, tandis que les mouvements anti-choix d’extrême-droite voient leur visibilité s’accroître dangereusement. Le danger est donc déjà là…
Au sein des collectifs féministes, la FSU et ses syndicats continue à revendiquer l’intégration du « droit » effectif à l’IVG sans restriction, exhortant l’Etat à assumer ses responsabilités sans se cacher derrière la fausse assurance que constitue l’inscription de ce droit dans la constitution.